Roman Generation Greatest Hits – Tracklist

Roman Generation c’est une dizaine d’albums et pas loin de 100 morceaux sortis depuis la création du groupe en 2009. Se lancer dans un « Greatest Hits » impose de faire des choix, écarter des morceaux que l’on aime bien pour des raisons purement techniques ou mettre en avant des morceaux qui sont passés inaperçus.

(2018)

Lorsque j’ai commencé à travailler sur la « track list » de cet album, j’ai immédiatement été confronté à un problème de « cohérence ».

« Back in Bakersville » fait partie des touts premiers morceaux enregistrés, avant même que RG ne s’appelle RG. Le morceau a été enregistré dans mon salon, avec un SM57et un SM58 (rouillé), sans aucune connaissance technique particulière. Le morceau est dans la plus pure tradition folk, un guitare / voix, simple et efficace.

A l’inverse, « Vibrations » issu de Cardboard Music et enregistré presque 10 ans plus tard, met en place une production plus aboutie, de meilleurs micros, une acoustique plus contrôlée et surtout l’expérience des albums précédents.

Comment assurer une « cohérence » sur un album mélangeant des titres aussi différents, enregistrés dans des conditions n’ayant strictement rien à voir ?

J’ai cru initialement, et naïvement, que je pourrai gommer ces écarts au mix, en repartant des multitracks d’origine. Finalement, avec 15 ans d’expérience supplémentaire, un vrai studio et non plus un home studio, peut être que « Back In Bakersville » pourrait sonner presque comme ‘Vibrations » ?

La réponse est: non, absolument pas ! En ingénierie du son on parle souvent de « The good rule », la solution ultime pour obtenir un hit. Cette règle est tellement évidente que c’en est presque une blague, mais on a parfois tendance à l’oublier.

The « Good Rule » indique qu’un bon morceau c’est: un bon musicien jouant un bon morceau avec un bon instrument, capté par un bon micro dans une bonne pièce. Après il suffit d’un bon mix et d’un bon mastering, et vous aurez un excellent morceau.

Si un de ces éléments se passe mal, alors le morceau sera au mieux « bien », mais certainement pas « excellent ».

Premier home-studio aménagé (2010)

Dans le cas des premiers titres de Roman Generation, nous apprenions sur le tas et il y aurait des choses à dire sur le placement des micros, la pièce et les instruments. En fin de chaîne, on pourra donc avoir un morceau agréable à écouter, mais certainement pas un morceau superbement poli, haute définition, avec toute la subtilité qu’on aurait aimé lui donner.

Arrivé assez rapidement à cette conclusion, la question était désormais de savoir comment obtenir un Greatest hits « cohérent » ! Après pas mal de nuits a me creuser la tête sur cette question, j’ai fini par me rendre compte que je me trompais de cohérence, celle-ci n’était pas a aller chercher sur le plan musical et acoustique.

Un Greatest Hits raconte l’histoire d’un groupe, ou dans le cas de celui-ci: d’une tranche de vie d’un groupe (2009-2019).

Au final, la tracklist de cet album illustre parfaitement les étapes de Roman Generation, les turbulences qu’a traversé le groupe avec des enfants, des déménagements, du travail, des périodes de vie difficiles. Cette tracklist est fondamentalement cohérente, c’est l’histoire des 10 premières années de Roman Generation, dans une version « nettoyée », remise au goût du jour, mais pas dénaturée pour autant.

Nos premiers débuts:

  • Perfect Dreams (Jetplane, 2010)
  • Back in Bakersville (Jetplane, 2010)
  • To the fire (Jetplane, 2010)
La palette de CDs de Jetplane (2010)

Nos premiers morceaux plus produits, avec plus de guitares, des synthés, des choeurs:

  • Only Now (Jetplane, 2010)
  • Everyday’s nausea (Jetplane, 2010)
  • Ink Stains (Jetplane, 2010)
  • Remus (Too young to die, 2011)
Concert à l’International (2011)

Nos premières collaborations avec des musiciens extérieurs au groupe:

  • Black Magic (Reverse, 2012)
  • Mispretenders (Reverse, 2012)
  • Blue (Reverse, 2012)
Concert au Gibus (2011)

A partir de 2013 je monte ma première société, ce qui occupe mes soirées, mes nuits, mes week-ends (et ma santé mentale). Romain se retrouve pour ainsi dire seul pour les années qui viendront:

  • Hollywood (Chomolungma, 2013)
  • Anyone but the Last (Raw, 2013)
  • B-Movie (Node, 2016)
  • Mechanic (Utopia, 2015)
Des guitares, des bières, des enfants.. (2012)

En 2017, j’arrive à retrouver un peu d’air et Cardboard Music sort en 2017:

  • Let them out (Cardboard Music, 2017)
  • Vibrations (Cardboard Music, 2017)
  • Now you know (Cardboard Music, 2017)

A la relecture de cette track list, je réalise qu’il y a plein d’excellents morceaux qui auraient mérité leur place. « Jetplane », de l’album éponyme fait partie de ceux-ci. Au final, en ressortant le multipiste j’ai réalisé que je ne pourrai pas raisonnablement faire mieux que ce qui avait été fait à l’époque. Je pourrai faire « différent » sans aucun doute, mais j’aime ce morceau tel qu’il est, avec ses imperfections, ses petites erreurs. Une version nettoyée de Jetplane, ce ne serait plus « Jetplane ».

L’aventure de ce Greatest Hits de Roman Generation s’arrête donc avec Cardboard Music, en 2017. A partir de là, l’histoire est trop récente et surtout j’estime que nous avons atteint (de façon très prétentieuse) un niveau technique qui ne nécessite pas à tout prix d’aller retoucher ce qui a été fait. On pourrait toujours faire « différent » certes, mais mieux ? Pas forcément.

Bonne écoute !