Roman Generation Greatest Hits – Remix

Lorsque l’idée de faire un Greatest Hits de Roman Generation est née, j’avais en tête un simple « Best Of », avec certains des meilleurs titres de RG, ou du moins les plus facilement accessibles.

Big Mac

Avec RG nous n’avons jamais vraiment cherché à faire ce qu’on appelle du « Easy Listening », une sorte de fast-food auditif.

On vous met du gras, du sel, du sucre et du moelleux parce que votre cerveau vous dit que c’est ce qu’il faut à votre organisme. Vous terminez avec un Big Mac supplément cheese. Vos capacités gustatives n’en sortiront pas grandies, mais vous avez le sentiment d’être rassasié.

D’un point de vue audio, les choses ne sont pas si différentes. Si je pars sur un rythme en 4/4, un tempo a 120, une structure Intro/Couplet/Refrain/Break/Couplet/Refrain/outro, des grosses basses, une rythmique puissante et que je compresse le tout pour sonner fort vous avez votre Big Mac. Inconsciemment vous aurez le sentiment que ce que vous écoutez est puissant, il n’y a pas de surprise c’est donc réconfortant. En fin d’écoute vous êtes rassasié, mais vous n’en sortez pas vraiment grandi.

Je ne vais pas entrer dans le débat « bien » vs « pas bien ». Un Mac Do de temps en temps ne fait pas de mal, il faut juste garder en tête ce que c’est et ne pas se limiter à cela.

Du coté de RG d’une manière générale on n’a jamais réellement cherché a sortir du Big Mac, les albums nécessitent souvent de s’y plonger franchement, avec une écoute attentive.

Le « Best Of » prévu initialement consistait alors seulement a ressortir les titres les plus accessibles des 10 ans de carrière du groupe et faire une passe de mastering pour donner un tout cohérent.

« Oui, mais.. »

Le projet devait être relativement simple, isoler une dizaine de pistes, un peu d’EQ, un peu de compression par ci par là et le tour était joué. Sauf qu’en pratique, entre une piste xtraite de Jetplane (2009) et une piste de « Cardboard Music » (2017) de l’eau a coulé sous les ponts. La production est très différente, les prises de son aussi, la technique de mix encore plus.

Faire cohabiter une piste assez « produite », avec pas mal d’arrangements,d ‘instruments et d’effets avec une piste plus simple, type folk rock n’est pas forcément un problème tant que la seconde est « propre ». Cela veut dire des prises de guitares acoustiques irréprochables, des prise de voix propres et une reverb cohérente. « Oui, mais » ces morceaux folk sont les tous premiers enregistrés et mixés par le groupe, ils bénéficient d’une certaine fraicheur mais on est loin de l’irréprochable. Au final ils se marient très mal avec les morceaux plus récents: un simple mastering était assez loin de faire l’affaire.

Remix

Le projet de faire une passe de mastering sur une dizaine de pistes se transforme alors en: ressortir les sessions Garageband de tous les morceaux, ré-extraire toutes les pistes une par une, faire un mix complet et finir par un mastering complet de l’ensemble.

Au final le projet, une fois réellement démarré, s’est étalé sur près de 6 mois, entre deux sessions de mix pour des clients. Un des points les plus durs a été de se forcer a ne pas retravailler sur la production. Sur certains morceaux, une basse aurait été la bienvenue, un doublage de guitare, une piste de voix à refaire.

Au delà du temps que cela aurait nécessité, cela aurait dénaturé le projet, et même les oeuvres telles qu’elles sont nées. Si certains aspect techniques de ces morceaux sont effectivement discutables, a aucun moment Romain et moi n’avons honte de ces titres. Ils correspondaient à ce que nous savions faire et pouvions faire à l’époque. A chaque fois nous y avons mis toute notre énergie. Considérer une prise « indigne » 10 ans plus tard serait un peu malheureux.

Lors du remix des titres, je me suis donc efforcé de tirer le meilleur possible de ces pistes. Si elles ne sont pas parfaites, elles sont le reflet du groupe à l’époque, à l’occasion du remix on en tire seulement le meilleur de ce qu’elles peuvent produire.

Alors effectivement, il y a parfois de la frustration d’avoir une guitare qui aurait pu sonner tellement mieux, une voix avec des bruits de chaise qui grince en fond mais finalement cela reste un excellent exercice de mixage !

Roman Generation Greatest Hit – Origins

En 2009, Romain quitte Chambery pour rejoindre ma soeur en région parisienne. Déchirement: il est contraint de lâcher Stuff, son groupe de punk hardcore qui faisait quelques émules dans la région.

Romain débarque a Paris avec une guitare acoustique dans ses valises et pas grand chose d’autre a faire que de passer du « franchement électrique » à des morceaux guitare/voix.

De mon coté, mon groupe vient d’exploser et en attendant de basculer sur autre chose, je joue avec le peu de matos que j’avais dans mon home studio à l’époque (une interface audio Line 6, un SM57, Garageband et une paire d’enceintes pour PC)

A l’occasion d’un déjeuner de famille, je propose a Romain de passer à la maison pour enregistrer les quelques morceaux qu’il avait déjà composé. On organise alors une première session au milieu du salon, un dimanche après midi. On ne le savait pas encore a l’époque, mais Roman Generation était né.

Le premier album du groupe « Jetplane », émerge de ces premiers titres, un album monté à partir des morceaux folk que Romain avait composé, deux guitares électriques, un ampli Vox, une basse jouée sur la corde mi grave d’une Les Paul, des pistes jouées sur mon vieux synthé Yamaha. De mon coté j’apprends la technique sur le tas, en expérimentant avec tout ce que cela compte de bonnes surprises et d’échecs, parfois difficiles à rattraper lors du mix. Au final « Jetplane » fait partie des albums dont nous sommes peut être le plus fier: il a été spontané, « naturel » et surtout c’était la première fois que l’on montait un album complet de toutes pièces et sans aide extérieure.

En 2019, avec 7 albums de plus, je me dis que cela pourrait être sympa de sortir un Greatest Hits de Roman Generation pour fêter les dix ans du groupe. Avec l’expérience et des oreilles un peu plus affutées je me rends compte que certains morceaux ont peut être mal vieilli, qu’il aurait fallu faire différemment. Je me lance alors dans un premier remix du premier album…

A peine démarré, le projet s’arrête : je décide de passer « pro » et je pars pour un an de formation à Abbey Road Institute. Rapidement au fil des cours je me rends compte que je vais apprendre pas mal de choses et qu’il serait probablement plus malin d’attendre un peu!

Le projet redémarre en 2020 à la sortie de l’école pour… s’arrêter à nouveau par manque de temps. Je suis en train d’ouvrir le studio, de travailler avec des premiers clients et surtout: le studio s’équipe, je préfère donc attendre d’être dans une configuration un peu plus optimale !

Finalement le projet aboutit enfin en 2022 : je commence à avoir suffisamment d’expérience pour être confiant sur mes choix techniques (et surtout mes oreilles). Le studio est désormais doté de la console de mes rêves (Solid State Logic AWS), d’une reverb de compétition, d’écoutes très correctes.. Tout devient plus facile, plus rapide; au lieu de galérer à choisir des réglages dans un catalogue de plugins ou bouger des faders à la souris, j’ai désormais tout sous la main.

Je me suis longtemps demandé si investir dans une console avait réellement du sens en 2022, et avec quelques mois de recul la réponse est sans aucun doute: « oui » !

Après trois ans de tentatives avortées, le remix des titres du Best Of de Roman Generation aura été assez rapide, malgré les nombreux écueils dont nous parlerons dans les prochains articles !